On connait les cinq sens, mais moins les sixième et septième.

Ils sont pourtant essentiels pour aider à se reconnecter à son corps, à soi et au delà, permettre de se sentir mieux dans son corps. Les connaissez-vous ?

Le sixième sens n’est pas l’intuition.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il s’agit de la proprioception. C’est ce qui nous permet de connaître la position de notre corps dans l’espace, de nous mouvoir sans réellement nous poser de question. C’est une sorte de sens interne qui nous permet de nous ajuster et de nous mouvoir de manière fluide et efficace dans notre environnement.
Cela grâce à nos autres sens, nos yeux, notre oreille interne, mais aussi des “capteurs” dans les muscles et articulations de notre corps.

Fondamental pour notre bien-être

La proprioception est un aspect fondamental de notre santé et de notre bien-être, souvent négligé mais d’une importance capitale. En Antigymnastique, cette dimension est spécifiquement travaillée et valorisée, ce qui peut apporter de nombreux bénéfices. Il arrive que dans certaines pathologies, la proprioception soit altérée. Dans ce cas, le mouvement devient extrêmement difficile.

La méthode Antigymnastique créée par Thérèse Bertherat stimule et améliore la proprioception lors des séances. Par exemple, des mouvements de mobilisation articulaire, de relaxation musculaire et de prise de conscience du schéma corporel sont souvent utilisés. En développant une meilleure proprioception, on peut s’attendre à découvrir différents bienfaits :

Améliorer la coordination et l’équilibre : Une bonne proprioception permet de mieux contrôler les mouvements du corps et de maintenir l’équilibre dans différentes situations, ce qui peut réduire les risques de chutes et de blessures.

Prévenir les blessures : En développant une conscience plus fine de leur corps, les individus peuvent mieux détecter les déséquilibres, les tensions ou les mauvaises postures qui pourraient conduire à des blessures. Cela peut être particulièrement bénéfique pour les personnes pratiquant des activités physiques ou sportives.

Soulager des douleurs chroniques : En apprenant à relâcher les tensions et à corriger les déséquilibres corporels, les mouvements peuvent aider à soulager les douleurs chroniques liées à la posture ou aux mouvements répétitifs.

Améliorer la conscience corporelle : La pratique régulière de l’Antigymnastique peut aider à mieux comprendre son corps, ses limites et ses besoins. Cela peut favoriser une meilleure gestion du stress, une plus grande aisance dans les mouvements quotidiens et une plus grande confiance en soi.

Optimiser les performances athlétiques : Pour les athlètes et les sportifs, une meilleure proprioception peut conduire à une meilleure performance en améliorant la précision des mouvements, la réactivité et la coordination.

Le travail de la proprioception est un atout précieux pour la santé physique et mentale. En développant une conscience plus fine du corps et de ses mouvements, il est donc possible de prévenir les blessures, soulager les douleurs et améliorer la qualité de vie générale.

Se reconnecter à son corps… avec le doudou !

Notre 7ème sens, le plus important ?

Notre septième sens, encore moins connu que le précédent, est l’intéroception. C’est la conscience de ce qui se passe à l’intérieur de soi. Ce serait même le plus important de tous: la capacité de percevoir les signaux internes du corps, tels que les sensations physiques (faim, soif, battements cardiaques), les émotions et les tensions musculaires. Là aussi, il y a des “capteurs” mais qui ne sont pas les mêmes que pour la proprioception.

Lors des séances, il s’agit de réveiller, réharmoniser et renforcer la connexion entre le corps et l’esprit.

Encourager cette conscience corporelle

Certaines personnes peuvent avoir une intéroception réduite, et cela pour plusieurs raisons:

Le stress chronique et l’anxiété peuvent perturber la capacité d’une personne à se connecter à ses sensations corporelles. Lorsque l’esprit est préoccupé par des soucis et des tensions mentales, il peut être difficile de rester conscient des signaux internes du corps.

Les traumatismes émotionnels ou physiques peuvent entraîner une dissociation entre l’esprit et le corps, ce qui rend plus difficile la perception des sensations corporelles. Les personnes ayant vécu des événements traumatiques peuvent développer des mécanismes de défense qui les amènent à se déconnecter de leurs sensations corporelles, parfois même de certaines parties de leur corps, pour se protéger. Dans ” Le corps a ses raisons“, Thérèse Bertherat écrit au sujet de ces “douleurs occultes”. “Pour nous défendre de ces douleurs occultes, nous prenons des attitudes qui elles, créent des douleurs ailleurs“. Terrible cercle vicieux qu’il faut briser.

Un mode de vie sédentaire (immobilité et manque d’activité physique) peut entraîner une diminution de la conscience corporelle. Le corps a besoin de mouvement pour maintenir une connexion vivante avec ses sensations internes.

Certains troubles neurologiques, tels que l’autisme ou la dépression, peuvent être associés à des difficultés d’intéroception. De même, des troubles de l’alimentation peuvent altérer la perception des signaux de faim et de satiété.

Dans certaines cultures, l’expression des émotions ou la conscience corporelle peuvent être moins encouragées ou valorisées, ce qui peut influencer la manière dont les individus se connectent à leur corps.

Il s’agit donc de développer et encourager cette compétence. Les personnes qui n’ont pas l’habitude de prêter attention à leur corps peuvent avoir une intéroception moins développée. Elle est pourtant importante pour jouir d’une bonne santé physique et mentale.

Du corps, à la conscience.

En pratiquant régulièrement l’Antigymnastique, il s’agit de cultiver une relation plus harmonieuse avec son corps et améliorer son bien-être général dans la vie quotidienne.

Les moyens par lesquels l’Antigymnastique favorise ces bénéfices comprennent des mouvements doux et fluides, en conscience, des étirements ciblés et des mouvements de respiration.

Il s’agit d’encourager les participants à être attentifs aux sensations de leur corps pendant les mouvements. Cela aide à développer une conscience plus fine des différentes parties du corps et de leur fonctionnement.

En se concentrant sur les sensations corporelles, on apprend à identifier les zones de tension ou de blocage. Ensuite, à travers la lenteur et la précision du mouvement, les participants peuvent relâcher ces tensions, ce qui favorise une meilleure circulation de l’énergie dans le corps.

En travaillant sur la conscience corporelle et en relâchant les tensions de certains muscles, l’Antigymnastique aide à corriger les déséquilibres posturaux et à améliorer l’alignement du corps (n’oublions pas que l’Antigymnastique est dérivée de la méthode Mézières, voir ici ). Une meilleure posture peut réduire les douleurs musculaires et articulaires et favoriser une respiration plus profonde et plus efficace.

Gestion du stress et des émotions : En se connectant aux sensations corporelles, on apprend à reconnaître les signes physiques du stress et des émotions. Cela permet de développer des stratégies pour réguler l’état émotionnel, en utilisant la respiration mais il s’agit aussi d’un travail sur le système nerveux autonome.

Une bonne intéroception va avoir une influence sur l’ acceptation et l’appréciation du corps. En apprenant à écouter et à respecter les besoins de leur corps, la confiance en soi est renforcée et l’image corporelle améliorée.

De la conscience du corps au bien-être

La séance est guidée par un praticien certifié qui encourage les participants à explorer, écouter leur propre corps afin de se reconnecter à lui, sans compétition ni jugement. En dehors du mouvement, les moments de calme et de repos sont peut-être les moments les plus importants de la séance, où les sensations corporelles, peu à peu, vont émerger. Mais aussi le moment où le corps va décider s’il choisit cette nouvelle proposition qui a été faite en séance.

“Votre corps au repos, votre cerveau, lui, va s’activer. C’est là qu’il enregistre, trie, synthétise l’expérience du mouvement pour aider votre corps à trouver un nouvel équilibre

C’est un moment essentiel, celui où se négocie un possible changement dans votre organisation musculaire, où votre corps peut se décider à déposer ses tensions, à s’autoriser une nouvelle liberté de mouvement.

C’est le temps de la reconstruction.” écrit Marie Bertherat, dans Le courrier du corps, sur le site de l’Antigymnastique.

Parfois subtilement, parfois de manière plus précise, les sensations émergent… Par exemple, pour certaines personnes, le lien entre la langue et le sacrum est une évidence, et pour d’autres une grande découverte ! L‘échange entre les pratiquants est encouragé car, comme dans la vie, on apprend les uns des autres.

Clé du bien-être ?

Être maître de son corps

Elle (Françoise Mézières) nous expliqua que le but final de notre travail était de rendre le sujet autonome, maître de son corps. Mais cette indépendance, il ne peut la gagner qu’en devenant conscient de l’organisation de ses mouvements. Il faut qu’il se connaisse lui-même et qu’il accepte la responsabilité de se connaître mieux que personne. Sinon, il cherchera toujours l’autorité ailleurs: chez un médecin, dans une drogue, un traitement. (…) Son corps ne lui appartiendra jamais s’il n’en prend pas lui-même possession”. Thérèse Bertherat, “Le corps a ses raisons”.

Se reconnecter à son corps… Une notion qui peut paraitre si abstraite, tant que l’on ne l’a pas réellement expérimentée. Auriez-vous pu imaginer que cela était une clé vers le mieux-être ?